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Balthazar est fier de lui ! Il a très bien travaillé
ces dernières semaines. Il n’est pas un bourreau du travail mais s’efforce de
l’être pour pouvoir subvenir aux besoins de ses parents. Au début du mois, il
avait déjà perçu 300 euros. En ce 22 décembre 2017, il va toucher l’ensemble de
ses paiements restant, soit, environ 500 euros. Ses clients les lui envoient
par le biais d’un service de transfert de fonds en ligne. La réception est
instantanée. Balthazar vit actuellement dans la capitale de son pays, dans la
maison de ses grands-parents paternels, en compagnie d’un impétueux cousin et
d’une tante âgée particulièrement chaleureuse et sympathique. Mais, il va
quitter cette ville dans 24h pour aller rejoindre ses parents sur la côte est,
là où ils vivent depuis 1978. Il est censé y séjourner seulement pour les fêtes
de fin d’année mais il a un autre plan bien enfoui dans sa tête. Il compte y
rester un bon moment, plusieurs mois sûrement. Trois raisons expliquent cette
décision que tous, dans son entourage, ignorent encore.
Il ressent le besoin de prendre le temps de se ressourcer,
de reprendre des forces auprès de ses parents dans la ville où il a vu le jour,
où il a grandi et qui l’a rendu homme. Ces dernières années n’ont pas été de
tout repos pour lui. Cette visite est également symbolique pour lui : il
souhaite plus que tout tirer un trait sur le passé, partir sur un nouveau
départ, revenir dans sa ville natale et reprendre là où, une fois, tout a
commencé. L’ancienne boucle a été bouclée. Une nouvelle demande à l’être. C’est
la troisième boucle de sa vie. Mais avant que ces deux motivations ne se
développent dans son esprit, Balthazar avait planifié ce voyage sur cette ville
côtière pour pouvoir être le plus longtemps possible aux côtés de ses parents
dont la santé est chancelante. Sa mère est une grande diabétique et un AVC l’a foudroyée
à 2 reprises. Son père, lui, est asthmatique. Par ailleurs, entre 2006 et
2009 il fut traité d’un cancer du larynx. Il en est guéri mais la maladie
a laissé des séquelles sur sa vue. Pour être plus exacte, c’est la
radiothérapie réalisée au niveau de son visage, couplée à une cataracte à un
stade avancé, qui est la cause de la baisse importante de sa vue. Son père et
sa mère ont également une mémoire défaillante qui s’aggrave progressivement.
Pour Balthazar c’est toujours une souffrance, une torture
lorsqu’il reçoit un coup de fil de son père ou de sa mère pour lui annoncer que
l’un de ses deux parents n’est pas très en forme. Et c’est avec un soulagement
qu’il reçoit après quelques jours l’annonce de la guérison. Pour Balthazar, ne
rien pouvoir faire à des centaines de kilomètres, se sentir impuissant quand
ses parents sont dans un piteux et inquiétant état c’est comme livrer son
cœur à la crucifixion et offrir son âme au supplice de la roue : combien de
fois Balthazar a pleuré de douleur en pensant à ces parents mal en point,
devant se débrouiller seuls bien qu’ils soient fortement diminués, alors que
lui est si loin, en excellente condition physique de surcroît.
L’idée de revoir ses parents le rend pleinement heureux. Mais
il y a autre chose qui l’enthousiasme. Dans cette ville côtière, il pourra
consommer du poisson à souhait. Car Balthazar aime le poisson. Les espèces qu’il
aime le plus sont madame tombé, le perroquet, le capitaine et le rouget. Il les
achète directement à des vendeuses ambulantes qui s’approvisionnent le jour même
auprès de pêcheurs traditionnels. Ces derniers reviennent de la pêche soit de
bon matin, soit vers le milieu d’après-midi. A ce moment, les poissonnières les attendent déjà
sur la plage. C’est dire l’incontestable fraîcheur des poissons que Balthazar
consomme. Un vrai paradis, un vrai régal.
L’argent qu’il emmène avec lui, et qu’il remettra en main
propre à sa mère, vient s’ajouter à la pension de retraite de son père versée
chaque trimestre par l’organisme chargé de la gestion des retraités du secteur
privé. Ce dernier perçoit environ 300 ou
400 euros chaque mois. Le versement du 4ème trimestre tombe ce
décembre.
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