Je dois trouver la force de continuer même si je suis diminué par la neurastenie/la psychastenie et cette douloureuse détresse psychologique. C’est une lutte de tous les instants, une tâche titanesque. Pour m’aider à avant, je m’accroche à l’infime. Parfois, il ne s'agit pas de voir grand ou de chercher un sens immédiat aux choses. Je me suis rendu compte que ce qui te tient, c'est une seule chose, même minuscule : un regard sur la lumière à travers une fenêtre, un geste, une odeur familière, une texture. Ces détails simples deviennent souvent mes points d’ancrage. Je ne cherche pas à les "justifier" : il suffit qu'ils soient là.
![]() |
Un moment de calme matinal, un homme savoure une tasse de café près de la fenêtre baignée par la lumière douce du soleil. |
Et puis, j’ai appris à faire le minimum, mais faire quand même. Je ne me mets pas la pression pour accomplir des choses grandioses. Chaque fois que mon corps et mon esprit me l’autorise, j’accomplis quelque chose de presque insignifiant : plier un linge, me verser un verre d'eau, écrire un mot. Ces gestes minuscules ont une valeur : ils marquent ma petite victoire sur l'immobilité/l’immobilime.
Je me suis également trouver une routine, même arbitraire. Le chaos intérieur est insurmontable. Une routine, même dérisoire, est devenue une béquille : me reveiller à 3h du matin, commencer ma journée par boire du café noir tout en écoutant Mariah Carey, me parfumer même si je ne vais nulle part. Cela crée une sorte de stabilité dans l'instabilité.
Ces dernières semaines, je me suis surpris à me raccrocher à des petites promesses. Je me fais une promesse à moi-même, mais petite et concrète, comme : "Demain, je regarderai un reportage sur l’empire Ottoman". Cela me donne une direction, un minuscule fil pour traverser l’obscurité.
Parfois, le monde me paraît immense et écrasant. Dans ces moments, je le rétrécis. Je fais en sorte que ma seule mission, mon seul territoire, soit un espace limité : un coin de ma maison, une seule pensée à la fois. Je ne me bats pas contre tout, je me bats pour ce qui est devant moi, là, tout de suite.
Le temps est souvent notre ennemi quand on souffre. Mais il peut aussi être un allié, à condition de ne pas chercher à le dominer. Ca fait bien longtemps que je le laisse passer, je le laisse s'écouler, même si c’est pénible. L’idée n’est pas de guérir immédiatement, mais de survivre à chaque heure, chaque jour.
L’idée, c’est aussi de penser à une chose ou à quelqu’un qui importe : puisque je ne peux pas me raccrocher à moi-même, je pense à quelqu’un ou quelque chose qui me tient à cœur. Pas pour leur faire plaisir ou répondre à leurs attentes, mais parce qu’ils existent, et que cela a un poids.
J’ai aussi découvert que la franchise a quelque chose de bon. Alors, désormais, je me parler avec honnêteté. Dans la tourmente, il est facile de se mentir ou de nier sa douleur. Mais m’accorder le droit d’être comme je suis, ici et maintenant, avec mes failles et mes limites, est libérateur. Je me suis dis : "C’est difficile, et c’est comme ça aujourd’hui. Mais je suis là."
Lorsque ma colère ou mon désarroi commencent à être incontrôlable, je les canalise avec une forme d’expression, même maladroite : j’écris, dessine, crie dans un coussin, casse des choses. Il s’agit de laisser sortir quelque chose, de vider un peu de cette tension qui m’étouffe.
Survivre est déjà un acte courageux : Si je suis encore là, malgré la douleur, c’est que je suis déjà en train de te battre, même si je ne le ressens pas. Chaque jour où je reste ici-bas, je me prouve que je suis plus fort que ce que je le pense. Cette lutte est rude, mais elle n'est pas vaine. Il n’est pas nécessaire de voir la lumière au bout du tunnel pour avancer : avancer est parfois la lumière en soi.
![]() |
Un moment de calme matinal, une tasse de café à la main, baigné par la lumière douce du soleil. |
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Encouragez Balthazar en lui faisant un petit commentaire, gentil ou critique.