La radiothérapie cervico-faciale est un traitement fréquemment utilisé pour certaines tumeurs localisées dans la région de la tête et du cou (cancers ORL). Parmi les conséquences à long terme de ce type de radiothérapie figurent des atteintes vasculaires, notamment la sténose carotidienne. Elle est prescrite dans le traitement de certains cancers du larynx, mais aussi d’autres localisations ORL (pharynx, cavité buccale, etc.). Enfin, la radiothérapie peut avoir des effets à long terme sur le système cardiovasculaire, pouvant inclure une majoration du risque d’insuffisance cardiaque.
1. Mécanismes de la sténose carotidienne causée par la radiothérapie cervico-faciale
Lésions endothéliales
La radiation peut endommager l’endothélium, la couche interne des artères, en provoquant une réaction inflammatoire chronique. Cette inflammation endothéliale favorise l’épaississement et la fibrose de la paroi artérielle.
Remodelage vasculaire et fibrose
Au fil du temps, l’organisme “répare” les dommages dus à l’irradiation en produisant du tissu cicatriciel (fibrose). Cette fibrose provoque une perte de souplesse de l’artère et peut entraîner un rétrécissement progressif de la lumière vasculaire (sténose). Les artères carotides, situées dans la zone cervico-faciale irradiée, sont particulièrement susceptibles d’être touchées.
Risques particuliers liés à la dose et à la zone irradiée
Les risques de sténose augmentent avec la dose d’irradiation cumulée, la technique employée (radiothérapie externe, curiethérapie associée, etc.) et la proximité des vaisseaux lors de l’irradiation. Les protocoles de radiothérapie modernes (techniques d’IMRT, de modulation d’intensité) visent à limiter autant que possible l’irradiation non ciblée des gros troncs vasculaires, mais un risque résiduel subsiste.
2. La radiothérapie cervico-faciale dans le traitement du cancer du larynx
Indications
La radiothérapie fait partie du traitement standard de nombreux cancers de la sphère ORL, notamment le cancer du larynx. Selon le stade de la tumeur (tumeur localisée, localement avancée, etc.), elle peut être utilisée seule ou en association avec la chirurgie et/ou la chimiothérapie.
Objectifs
L’objectif est de détruire les cellules cancéreuses ou d’empêcher leur prolifération, tout en préservant autant que possible la fonction laryngée (capacité vocale, déglutition). La radiothérapie peut être proposée comme alternative à la chirurgie totale du larynx (laryngectomie) lorsque c’est cliniquement possible, afin d’éviter la perte de la voix.
Sélection des patients
Le choix d’une radiothérapie dans le cancer du larynx dépend de critères multiples : stade de la tumeur, état général du patient, localisation précise, agressivité de la maladie, etc. Les oncologues et les ORL évaluent le rapport bénéfice/risque : le bénéfice de guérir ou de contrôler la tumeur l’emporte généralement sur le risque d’effets secondaires tardifs (dont ceux sur les vaisseaux).
3. Radiothérapie et risque d’insuffisance cardiaque à long terme
Mécanismes possibles d’atteinte cardiaque
La radiothérapie thoracique ou médiastinale (souvent dans le cadre de lymphomes, cancers du sein gauche, etc.) est davantage associée à un risque cardiaque à long terme que la radiothérapie cervico-faciale, car le champ d’irradiation inclut plus directement le cœur ou les coronaires. Néanmoins, toute irradiation qui touche partiellement la région du médiastin supérieur ou les grands troncs artériels (dont l’arc aortique, possible si la zone laryngée est proche ou si le champ est large) peut, à plus long terme, avoir un retentissement sur les artères coronaires ou sur les structures cardiaques.
Délai d’apparition
Les complications cardiaques radio-induites surviennent souvent plusieurs années après l’irradiation (parfois 10 à 15 ans, voire plus). Les mécanismes impliquent une fibrose progressive des tissus et des modifications vasculaires (athérosclérose accélérée, lésion de l’endothélium).
Facteurs de risque
Les risques de cardiopathie post-radiothérapie sont accrus chez les patients présentant déjà des facteurs de risque cardiovasculaires (hypertension, tabagisme, hypercholestérolémie, diabète). Le contrôle de ces facteurs est essentiel pour minimiser l’impact à long terme de la radiothérapie.
Probabilité dans le cas spécifique du cancer du larynx
Dans le traitement du cancer du larynx, la région cardiaque est moins exposée qu’avec une radiothérapie pour un cancer thoracique. Toutefois, il peut exister un risque “indirect” si le faisceau de radiothérapie est large ou si les ganglions du cou (cervicaux bas) sont traités, frôlant alors la zone médiastinale supérieure. Globalement, le risque d’insuffisance cardiaque sévère à la suite d’une radiothérapie limitée à la sphère laryngée demeure plus faible que dans les irradiations thoraciques, mais il n’est pas nul.
4. Interaction entre l’insuffisance cardiaque et la sténose carotidienne
Impact de l’insuffisance cardiaque sur la perfusion cérébrale
En cas d’insuffisance cardiaque, le débit cardiaque (volume de sang éjecté par le cœur) diminue. Si une sténose carotidienne est présente, le cerveau est déjà soumis à une réduction potentielle du flux sanguin. Combinées, ces deux pathologies (faible débit cardiaque et rétrécissement des artères carotides) peuvent majorer le risque d’ischémie cérébrale, car chaque facteur s’ajoute à l’autre pour diminuer la perfusion cérébrale.
Effet domino sur la santé globale
L’insuffisance cardiaque s’accompagne souvent d’hypertension artérielle, de troubles du rythme (fibrillation auriculaire) ou encore d’une baisse de l’activité physique du patient, ce qui peut à son tour favoriser l’évolution d’autres facteurs de risque vasculaires (diabète, surpoids, etc.). Cet ensemble de facteurs peut aggraver la progression de la sténose carotidienne ou, à tout le moins, augmenter la probabilité de complications neurologiques.
Suivi multidisciplinaire
Pour un patient ayant à la fois une sténose carotidienne et une insuffisance cardiaque, un suivi régulier par un cardiologue et un neurologue (ou un angiologue) est crucial. Le traitement optimal de l’insuffisance cardiaque (médicaments, mesures hygiéno-diététiques) contribue indirectement à préserver une perfusion cérébrale suffisante et à réduire les événements ischémiques.
Conclusion
Radiothérapie cervico-faciale et sténose carotidienne
Oui, la radiothérapie cervico-faciale peut endommager les artères carotides à moyen ou long terme : l’inflammation chronique et la fibrose induites par les rayons entraînent un rétrécissement de la lumière artérielle.
Radiothérapie dans le cancer du larynx
Elle est effectivement prescrite, souvent en association ou en alternative à la chirurgie, pour soigner ou contrôler la tumeur tout en conservant la fonction laryngée.
Risques d’insuffisance cardiaque après 10 ou 15 ans
Les atteintes cardiaques tardives sont plus fréquentes lors d’une irradiation thoracique ou médiastinale, mais un risque existe si le champ d’irradiation touche partiellement la zone cardiaque.
Influence de l’insuffisance cardiaque sur la sténose carotidienne
Si l’insuffisance cardiaque survient, la réduction du débit sanguin global peut aggraver l’état clinique d’une personne ayant une sténose carotidienne, en diminuant davantage la perfusion cérébrale.
La radiothérapie cervico-faciale, bien qu’essentielle pour traiter certains cancers (dont celui du larynx), peut conduire à des complications vasculaires, notamment la sténose carotidienne, et comporter un risque cardio-vasculaire à long terme. Une surveillance adaptée et une prise en charge précoce des facteurs de risque cardio-vasculaires sont primordiales pour limiter ces effets indésirables et préserver la qualité de vie des patients sur le long terme.
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