La sténose cicatricielle

 La sténose carotidienne d’origine iatrogène ou traumatique survient lorsqu’une lésion directe de la paroi de l’artère carotide provoque une réaction cicatricielle, un épaississement fibreux ou une déformation vasculaire qui rétrécit progressivement la lumière du vaisseau.

Voici, en détail, les principaux scénarios dans lesquels cette forme de sténose peut apparaître :

1. Causes iatrogènes

Les causes dites “iatrogènes” sont liées à des actes médicaux ou chirurgicaux.


Interventions chirurgicales au niveau du cou


Chirurgie de la thyroïde (thyroïdectomie) 

Les glandes thyroïdes étant situées à proximité de l’artère carotide commune, toute dissection ou hémostase près de ce vaisseau peut, dans de rares cas, entraîner une lésion de la paroi carotidienne.

Curage ganglionnaire cervical (ou “neck dissection”) 

Réalisé en cas de cancers ORL ou thyroïdiens, cet acte chirurgical consiste à retirer un ensemble de ganglions dans le cou. Malgré les précautions, il peut y avoir un risque de micro-traumatismes ou d’effraction de l’artère carotide.

Chirurgie vasculaire ou réparation d’anévrisme 

Les interventions visant à traiter des pathologies artérielles (comme un anévrisme ou une malformation) peuvent fragiliser la paroi et laisser place à un tissu cicatriciel.

Angioplastie ou pose de dispositifs intravasculaires


Cathéterisme ou angioplastie carotidienne 

Si la pose d’un stent ou d’un ballonnet d’angioplastie (pour dilater l’artère) est mal tolérée ou si de petites complications surviennent (déchirure de l’intima, réaction inflammatoire), cela peut se solder par une cicatrice qui se rétracte au fil du temps, rétrécissant la lumière vasculaire.

Pose de cathéters veineux centraux 

Dans de très rares cas, lors de la mise en place d’un cathéter dans la veine jugulaire interne (pour perfusions ou dialyse), une perforation accidentelle ou un faux trajet pourrait léser la carotide. La réaction cicatricielle ultérieure est susceptible de générer une sténose.

Autres manipulations ou traitements médicaux


Radiothérapie cervicale (bien que plus souvent classée à part) 

Une dose ciblée peut endommager la paroi artérielle, générant à long terme une fibrose. Même si cet effet n’est pas toujours classé dans les causes strictement “iatrogènes”, il reste lié à un acte thérapeutique.


2. Causes traumatiques

Les causes traumatiques résultent d’accidents ou d’impacts violents subis par le cou, endommageant la carotide et conduisant à un épaississement cicatriciel ou à une déformation de la paroi.


Traumatismes ouverts (plaies pénétrantes)


Blessures par arme blanche ou arme à feu 

Toute lésion transperçant la région cervicale peut toucher la carotide. La phase de cicatrisation qui s’ensuit peut entraîner une fibrose anormale et, à terme, un rétrécissement artériel.

Objets perforants ou éclats de verre 

Un choc violent au cou (accident de voiture, éclat de pare-brise) peut léser la couche interne (intima) ou la média de la carotide.

Traumatismes fermés (chocs violents, hyperextension du cou)


Accidents de la route 

Un choc frontal ou un coup de fouet cervical (whiplash) peut provoquer un étirement excessif de la carotide (risque de dissection ou de micro-lésions), lesquelles en se réparant s’accompagnent d’un épaississement cicatriciel susceptible de réduire la lumière vasculaire.

Accidents sportifs 

Des sports de contact (rugby, arts martiaux, boxe) ou une chute à grande vitesse (vélo, équitation) peuvent également léser la carotide. Même s’il n’y a pas de plaie ouverte, la force d’impact peut endommager la paroi vasculaire en profondeur.

Strangulation ou manœuvres de contention 

Dans de rares cas, une pression trop forte exercée sur la région carotidienne (étranglement) peut léser l’intima.

Complications tardives


Même après une cicatrisation initiale apparemment satisfaisante, la paroi artérielle peut, des mois ou des années plus tard, manifester un remodelage fibreux ou une expansion d’un hématome ancien qui contribue à un rétrécissement progressif de la lumière. Dans certains cas, une dissection peut se créer sur une cicatrice fragilisée, aggravant encore le risque de sténose.

3. Mécanismes pathologiques menant à la sténose

Déchirure ou micro-fissure de l’intima 

Le sang s’infiltre dans la paroi, formant un hématome intramural ou initiant une réponse inflammatoire qui, en cicatrisant, réduit le calibre.

Réaction cicatricielle excessive

Quand la lésion guérit, une fibrose importante peut raidir ou épaissir la paroi, entraînant un rétrécissement de la lumière artérielle.

Formation de plaques ou hyperplasie intimale 

Dans la phase de réparation, un excès de cellules (hyperplasie) ou un dépôt anormal (par exemple de fibrine) peuvent survenir, accentuant la sténose.

4. Surveillance et prise en charge

Diagnostic


Imagerie : L’échographie-Doppler cervicale, l’angio-IRM ou l’angio-scanner sont essentiels pour mettre en évidence la sténose, son degré de sévérité et sa localisation précise.

Contextualisation clinique : On s’appuie sur l’anamnèse (antécédents de chirurgie, de traumatisme, de manipulation cervicale) pour suspecter une origine iatrogène ou traumatique.

Traitements


Suivi médical 

Cas asymptomatiques ou sténoses légères peuvent justifier une simple surveillance pour vérifier qu’il n’y a pas d’aggravation.

Geste endovasculaire 

Si la sténose est significative ou symptomatique (risque d’AVC), un geste d’angioplastie (dilatation) avec ou sans pose de stent peut être envisagé.

Chirurgie 

Dans certains cas complexes (notamment en cas de cicatrice très fibreuse ou de faux anévrisme associé), une endartérectomie ou une reconstruction chirurgicale de l’artère peut s’avérer nécessaire.

Médication 

Un traitement antiagrégant plaquettaire (aspirine) ou anticoagulant peut être recommandé pour prévenir la formation de caillots.

Prévention


Précautions opératoires 

Les chirurgiens et anesthésistes prennent diverses mesures (visualisation échographique, utilisation d’instruments adaptés, etc.) pour limiter au maximum le risque de lésion.

Protection cervicale en sport 

Casques, protège-cou, et bonnes techniques de placage, notamment dans les sports de contact.

Surveillance à long terme 

Les personnes ayant subi un traumatisme cervical majeur ou une intervention invasive dans la région du cou peuvent bénéficier d’un suivi régulier, pour dépister toute anomalie sur la carotide.

5. Conclusion

La sténose carotidienne peut apparaître à la suite d’actes chirurgicaux ou médicaux invasifs (causes iatrogènes) ou de traumatismes cervicaux sévères (causes traumatiques). Dans tous les cas, le mécanisme sous-jacent implique une lésion directe de la paroi artérielle qui, en cicatrisant, provoque un épaississement localisé (fibrose), une perte de souplesse ou même un hématome intramural évoluant vers un rétrécissement (sténose). Bien que ces situations soient relativement peu fréquentes par rapport à l’athérosclérose, elles requièrent un diagnostic et une prise en charge adaptés, car elles peuvent exposer le patient à un risque accru d’ischémie cérébrale si la sténose est sévère ou progresse au fil du temps.

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