La santé d’une personne âgée peut se détériorer de façon progressive et parfois discrète. Certains signes qui semblent anodins, comme une fatigue persistante sans cause apparente, un léger état confusionnel (ex. : tenter d’insérer une carte de bibliothèque dans un distributeur de billets à la place de la carte bancaire) ou encore des problèmes de mémoire, peuvent en réalité révéler des troubles vasculaires sous-jacents. Parmi ces troubles, la sténose carotidienne occupe une place prépondérante, car elle constitue un facteur de risque majeur pour l’accident ischémique transitoire (AIT) et l’accident vasculaire cérébral (AVC).
Dans cet article, nous explorerons les causes possibles des signes avant-coureurs (fatigue, confusion, troubles de la mémoire) et l’importance de prendre rapidement rendez-vous avec un professionnel de santé en cas de doute. Nous aborderons également le rôle des différents acteurs médicaux (médecin généraliste, urgentistes, cardiologue, orthophoniste, chirurgien vasculaire) dans la détection et la prise en charge d’une sténose carotidienne chez la personne âgée.
1. Les signes avant-coureurs à ne pas négliger
Fatigue inexplicable
Les personnes âgées peuvent ressentir de la fatigue plus souvent qu’un adulte plus jeune, notamment en raison de la diminution de leurs réserves d’énergie. Cependant, une fatigue persistante et sans cause évidente (comme une infection, une anémie ou un mauvais sommeil) doit être considérée comme un signal d’alarme, surtout si elle s’accompagne d’autres symptômes cognitifs ou comportementaux.Léger état de confusion
Des actes «*incongrus*» du quotidien (par exemple insérer la mauvaise carte dans un distributeur automatique, oublier sa destination après quelques minutes de marche) peuvent être le signe d’une fragilité des fonctions exécutives. Chez une personne âgée, cet état confusionnel léger peut se manifester par des oublis, une désorientation ou un langage moins cohérent. Au-delà d’une simple fatigue mentale, cette confusion pourrait être liée à des troubles circulatoires au niveau du cerveau.Problèmes de mémoire
Les troubles de la mémoire sont souvent associés au vieillissement. Toutefois, une modification subite de la mémoire (ou une aggravation rapide) doit être prise au sérieux. Lorsque la circulation sanguine vers le cerveau est partiellement obstruée (comme dans la sténose carotidienne), l’apport en oxygène et en nutriments s’en trouve réduit, ce qui peut altérer temporairement ou durablement les fonctions cognitives.
2. La sténose carotidienne et l’accident ischémique transitoire (AIT)
Qu’est-ce qu’une sténose carotidienne ?
La sténose carotidienne se caractérise par un rétrécissement de l’artère carotide, le plus souvent à cause de plaques d’athérome (dépôts de graisse et de cholestérol) qui s’accumulent sur la paroi de l’artère. Les artères carotides (situées de chaque côté du cou) sont des vaisseaux majeurs responsables de l’apport de sang oxygéné au cerveau. Lorsque ce rétrécissement devient trop important, il peut engendrer des complications, notamment :
- Réduction de l’apport sanguin vers les zones cérébrales essentielles.
- Risque de formation d’un caillot qui peut migrer dans de petites artères cérébrales.
L’accident ischémique transitoire (AIT)
Un AIT se produit lorsqu’un thrombus (caillot sanguin) réduit temporairement le flux sanguin vers une zone du cerveau. Les symptômes – qui peuvent inclure une faiblesse musculaire, une paralysie partielle du visage ou d’un membre, des troubles de la parole ou de la vision – disparaissent généralement en quelques minutes ou en moins d’une heure. Toutefois, un AIT est souvent considéré comme un signal d’alarme d’un risque d’AVC à venir. Il est donc essentiel de consulter rapidement un professionnel de santé dès l’apparition de ces signes.
3. Les professionnels de la santé et leur rôle dans la prise en charge
Le médecin généraliste
C’est souvent le premier professionnel consulté lorsque des signes inhabituels apparaissent. Le médecin généraliste peut :- Évaluer l’état général du patient et effectuer un examen clinique de base.
- Prescrire des examens complémentaires (bilan sanguin, Doppler des carotides, etc.).
- Orienter le patient vers des spécialistes (cardiologue, neurologue, chirurgien vasculaire) selon les résultats.
Les urgentistes
En cas de suspicion d’AIT ou de signes annonciateurs d’AVC, se rendre aux urgences est primordial. L’équipe d’urgentistes :- Identifie rapidement la nature du problème grâce à des tests cliniques et d’imagerie médicale (scanner, IRM).
- Met en place un traitement d’urgence pour réduire le risque d’un AVC plus sévère.
- Collabore avec les autres spécialistes pour affiner le diagnostic et le parcours de soins.
Le cardiologue
Un cardiologue peut intervenir pour :- Évaluer l’état du système cardiovasculaire et dépister des facteurs de risque associés (hypertension, arythmies cardiaques, hypercholestérolémie).
- Prescrire des traitements médicamenteux pour stabiliser la tension artérielle, réguler le rythme cardiaque ou fluidifier le sang.
- Suivre l’évolution de la pathologie afin de prévenir la récidive d’un AIT ou d’un AVC.
L’orthophoniste
Lorsque des troubles cognitifs ou des difficultés de langage sont constatés, l’orthophoniste joue un rôle crucial :- Évalue la gravité des problèmes de communication, de déglutition ou de mémoire.
- Met en place un programme de rééducation adapté.
- Accompagne la personne âgée et son entourage pour améliorer la qualité de vie au quotidien et compenser la perte de certaines fonctions.
Le chirurgien vasculaire
Lorsque la sténose carotidienne est jugée suffisamment sévère (généralement au-delà de 70 % de rétrécissement), le chirurgien vasculaire intervient pour :- Pratiquer une endartériectomie (opération chirurgicale qui consiste à retirer les plaques d’athérome).
- Poser, si nécessaire, un stent (dispositif métallique qui maintient l’artère ouverte) afin d’assurer une circulation sanguine optimale.
- Réaliser un suivi post-opératoire pour surveiller d’éventuelles récidives.
4. Pourquoi une prise en charge précoce est cruciale
Plus la prise en charge d’une sténose carotidienne est précoce, plus les chances d’éviter un accident vasculaire cérébral (AVC) sont élevées. En effet, un traitement adapté (médicaments anticoagulants, contrôle de la pression artérielle, chirurgie si nécessaire) et la rééducation (orthophonie) contribuent à :
- Stabiliser l’état du patient et limiter la progression de la maladie.
- Réduire la formation de nouveaux caillots.
- Diminuer les risques de complications graves (AVC, insuffisance cardiaque, insuffisance rénale, etc.).
5. Prévenir et accompagner
- Surveillance régulière : Une surveillance médicale, notamment un suivi cardiologique et vasculaire, est recommandée pour détecter rapidement toute évolution de la sténose et éviter des complications.
- Hygiène de vie : Adapter son alimentation (réduire le sel et les graisses saturées), pratiquer une activité physique régulière selon les recommandations médicales, et éviter le tabac jouent un rôle déterminant dans la prévention de l’aggravation de la sténose carotidienne.
- Suivi psychologique et familial : L’entourage peut être d’un grand soutien en surveillant l’état général de la personne âgée et en l’encourageant à suivre ses traitements. Les petits signes du quotidien (oublis, fatigue) ne doivent pas être minimisés, car ils peuvent révéler une aggravation de l’état vasculaire.
6. Conclusion et hommage
La fatigue inexpliquée, la confusion légère et les problèmes de mémoire chez la personne âgée sont trop souvent attribués à un « simple vieillissement ». Pourtant, ces symptômes peuvent signaler une sténose carotidienne menaçant un accident ischémique transitoire (AIT) ou un AVC. Face à ces situations, la coopération de multiples professionnels de santé (médecin généraliste, urgentistes, cardiologue, orthophoniste et chirurgien vasculaire) est essentielle pour offrir une prise en charge rapide et adaptée.
Cet article est un hommage à mon père, RAKOTOBE Charles, décédé le 1ᵉʳ novembre 2021 d’une insuffisance rénale aiguë, conséquence indirecte de sa sténose carotidienne. Puisse son histoire sensibiliser chacun d’entre nous à l’importance de la détection précoce et du suivi médical en cas de signes avant-coureurs, même apparemment bénins.
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