Relation entre la sténose carotidienne et l'insuffisance rénale aiguë

 Comprendre la relation entre la sténose carotidienne et l’insuffisance rénale aiguë

La sténose carotidienne est une pathologie souvent méconnue du grand public, bien qu’elle touche particulièrement les personnes âgées. Elle peut, dans certains cas, entraîner des conséquences graves pour l’organisme, notamment sur le fonctionnement rénal. Cet article a pour objectif d’expliquer, de façon détaillée et accessible, le lien entre la sténose carotidienne et l’insuffisance rénale aiguë, tout en abordant l’impact d’une dénutrition et d’une déshydratation chez les séniors.


1. Qu’est-ce que la sténose carotidienne ?

Les artères carotides sont les principaux vaisseaux qui acheminent le sang oxygéné vers le cerveau. Une sténose carotidienne correspond à un rétrécissement (ou une obstruction partielle) de l’une ou des deux artères carotides. Les causes les plus fréquentes incluent :

L’athérosclérose 

Accumulation de dépôts graisseux (plaques d’athérome) sur la paroi interne de l’artère.

Les facteurs de risque cardiovasculaire 

Hypertension artérielle, hypercholestérolémie, tabagisme, diabète, etc.

Le vieillissement 

Avec l’âge, les parois vasculaires deviennent moins élastiques et plus sujettes aux dépôts.

Lorsque le diamètre de l’artère est significativement réduit, le débit sanguin vers le cerveau diminue, ce qui peut provoquer une insuffisance d’apport en oxygène et en nutriments. Ce phénomène peut entraîner des symptômes tels que des vertiges, des troubles de la vision ou de la parole, ou encore des accidents vasculaires cérébraux (AVC).


2. Qu’est-ce que l’insuffisance rénale aiguë ?

L’insuffisance rénale aiguë (IRA) se caractérise par une diminution rapide et brutale de la capacité des reins à filtrer les déchets et à réguler l’équilibre hydrique de l’organisme. Parmi les causes fréquentes :

La déshydratation 

Manque d’apport en eau conduisant à une baisse du volume sanguin circulant, ce qui peut altérer la perfusion rénale.

Une baisse soudaine de la pression artérielle 

Liée à des chocs (hémorragique, septique), à des problèmes cardiaques ou à des médicaments qui modifient la tension.

Des maladies rénales sous-jacentes 

Lorsqu’il existe déjà des lésions ou des pathologies rénales chroniques, les reins deviennent plus vulnérables.

L’obstruction des voies urinaires 

Calculs, tumeurs ou hypertrophie de la prostate peuvent également être responsables d’une accumulation des déchets dans l’organisme.

L’IRA peut évoluer très rapidement et mettre en jeu le pronostic vital si elle n’est pas prise en charge à temps.


3. Le lien direct entre la sténose carotidienne et l’insuffisance rénale aiguë

À première vue, la santé des artères carotides et celle des reins semblent peu liées. Pourtant, plusieurs mécanismes expliquent la relation entre la sténose carotidienne et une possible insuffisance rénale aiguë :

Problèmes circulatoires généraux 

Les personnes atteintes de sténose carotidienne souffrent souvent d’athérosclérose systémique. Les mêmes dépôts graisseux qui obstruent les artères carotides peuvent également encrasser d’autres artères, notamment celles qui alimentent les reins. La diminution du flux sanguin rénal provoque alors un risque accru d’IRA.

Diminution de l’apport sanguin au cerveau 

Un cerveau moins bien irrigué peut entraîner un ensemble de problèmes neurologiques : troubles de la conscience, perte d’appétit, fatigue, voire confusion mentale. Les individus âgés sont particulièrement vulnérables et peuvent éprouver davantage de difficultés à s’alimenter ou à s’hydrater correctement.

Effet sur la régulation de la pression artérielle 

Le cerveau, lorsqu’il est insuffisamment alimenté en sang, peut réagir en déclenchant des mécanismes visant à augmenter la pression artérielle pour compenser le manque de perfusion. Parfois, cette compensation est inadéquate ou trop importante, amenant des fluctuations de la tension artérielle. Les reins sont alors soumis à des variations potentiellement dangereuses qui peuvent, à terme, altérer leur fonctionnement.


4. Sténose carotidienne chez les séniors : dénutrition, déshydratation et risque d’IRA

Chez les personnes âgées, la sténose carotidienne prend une dimension plus grave lorsqu’elle s’accompagne de dénutrition et de déshydratation.

  1. Pourquoi la sténose carotidienne risque-t-elle d’entraîner la dénutrition ?

    • Réduction de la sensation de faim : Le cerveau, insuffisamment oxygéné, peut ne plus envoyer clairement les signaux de faim.
    • Faiblesse et fatigue : Les patients peuvent manquer d’énergie pour préparer leurs repas ou se nourrir.
    • Troubles de la déglutition : Dans certains cas, des lésions ou des infarctus mineurs liés à un flux sanguin réduit dans certaines zones cérébrales peuvent provoquer des problèmes de déglutition.
  2. Comment la sténose carotidienne favorise-t-elle la déshydratation ?

    • Modification de la soif : Le centre de la soif, situé dans l’hypothalamus, peut être perturbé lorsque la circulation cérébrale est insuffisante.
    • Difficulté à s’hydrater seul : Une personne âgée souffrant de vertiges, de troubles de l’équilibre ou de confusion peut simplement oublier de boire ou ne pas être en mesure de se lever pour s’hydrater.
  3. Le mécanisme fatal :

    • La dénutrition affaiblit l’organisme : baisse des défenses immunitaires, fonte musculaire, moins bonne régénération tissulaire et moindre résistance au stress.
    • La déshydratation diminue le volume sanguin circulant : les reins sont alors moins bien perfusés et risquent de s’endommager en cherchant à filtrer un sang réduit en volume et parfois trop concentré en déchets.
    • La combinaison de ces deux facteurs (dénutrition + déshydratation) peut provoquer une chute brutale de la pression artérielle et un déséquilibre électrolytique (sodium, potassium, etc.), fragilisant davantage les reins.
    • Dans les cas les plus sévères, le manque de perfusion rénale aboutit à une insuffisance rénale aiguë qui peut être fatale si elle n’est pas détectée et traitée rapidement.

Ainsi, chez les séniors, la sténose carotidienne joue un rôle insidieux : en perturbant l’hémodynamique cérébrale, elle diminue la capacité à s’alimenter et à s’hydrater convenablement, aggravant le risque d’IRA.


5. Prévention et prise en charge

  • Surveillance médicale régulière : Un suivi de la tension artérielle, des bilans sanguins (créatinine, clairance de la créatinine, urée…) et une échographie Doppler des carotides permettent de détecter précocement la sténose.
  • Mesures diététiques et hydriques : Encourager l’apport hydrique suffisant et une alimentation adaptée (riche en nutriments, équilibrée), éventuellement par le biais de compléments alimentaires pour pallier la dénutrition.
  • Activité physique adaptée : Même légère, elle contribue au maintien de la masse musculaire et à une meilleure circulation sanguine.
  • Traitement médicamenteux : Selon le stade de la sténose, des médicaments anticoagulants ou antiagrégants plaquettaires peuvent être prescrits pour réduire les risques d’AVC et les complications vasculaires.
  • Intervention chirurgicale : Dans certains cas avancés, une endartériectomie carotidienne (ablation de la plaque) ou la pose d’un stent peut être envisagée pour améliorer le flux sanguin.
  • Prise en charge multidisciplinaire : Les médecins généralistes, cardiologues, néphrologues, neurologues et diététiciens doivent travailler de concert pour offrir un suivi global, notamment chez les personnes âgées présentant des comorbidités.

6. Hommage personnel

Cet article est dédié à la mémoire de mon père, RAKOTOBE Charles, décédé le 1er novembre 2021 des suites d’une insuffisance rénale aiguë, conséquence indirecte de sa sténose carotidienne. Son histoire illustre à quel point cette maladie peut demeurer silencieuse tout en ayant un impact majeur sur différents organes vitaux, et combien il est essentiel de s’informer, d’anticiper et de consulter régulièrement lorsque surviennent des symptômes ou des facteurs de risque.


La sténose carotidienne peut avoir des répercussions qui vont bien au-delà du seul risque d’AVC : chez les séniors, elle peut être à l’origine de dénutrition et de déshydratation, facteurs qui accélèrent la survenue d’une insuffisance rénale aiguë. Une surveillance attentive, un accompagnement médical régulier et des stratégies de prévention adaptées peuvent néanmoins contribuer à améliorer la qualité de vie des personnes à risque et à leur éviter des complications potentiellement fatales.

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