Troubles dissociatifs : Quand l'esprit se protège en se déconnectant

Dissociation : Quand l'esprit se protège en se déconnectant

Dissociation : Quand l'esprit se protège en se déconnectant

Il peut arriver que face à une situation vécue comme insoutenable, l’esprit humain prenne la décision radicale de se mettre à distance. Ce phénomène, connu sous le nom de dissociation, ne relève ni de la faiblesse ni de l’exagération. Il s’agit d’un mécanisme de défense psychique profondément enraciné dans la capacité de survie mentale.

Comprendre la dissociation

La dissociation se manifeste comme un processus involontaire par lequel l’individu se déconnecte de certaines perceptions, émotions, souvenirs ou même de la conscience de soi. Ce phénomène se déclenche souvent en réaction à un événement traumatique ou perçu comme tel, lorsque la douleur émotionnelle dépasse les capacités de gestion immédiate de la personne.

Loin d’être un simple oubli, la dissociation peut aller jusqu’à altérer l’expérience de la réalité, du temps, du corps, ou de l’identité. Dans les cas les plus marqués, elle prend la forme de ce que l’on appelle les troubles dissociatifs.

Un mécanisme de protection extrême

La dissociation joue un rôle comparable à celui d’un fusible : lorsqu’un choc psychique dépasse un certain seuil, l’esprit “saute” pour éviter l’effondrement. Le corps peut continuer à fonctionner en mode automatique, mais une part de la conscience se débranche. Cette séparation permet, dans l’immédiat, de survivre psychiquement à une menace que le système nerveux juge ingérable.

En ce sens, la dissociation n’est pas une maladie. Elle représente une solution d’urgence interne, un moyen de se préserver de l’insupportable. Ce n’est que lorsque ce mécanisme devient chronique, rigide ou invalidant, qu’il entre dans le champ des pathologies.

Quand la dissociation devient un trouble

Les troubles dissociatifs englobent plusieurs réalités cliniques : amnésies dissociatives, états de dépersonnalisation, troubles de l’identité, fugues dissociatives, ou encore le trouble dissociatif de l'identité (TDI). Ces manifestations traduisent des coupures persistantes dans l’intégration normale des pensées, émotions, comportements ou souvenirs.

Ces troubles ne sont pas toujours spectaculaires. Beaucoup de personnes vivent des épisodes dissociatifs discrets, comme des absences passagères ou une impression d’irréalité. Mais dans certains cas, la dissociation devient le mode de fonctionnement principal, provoquant une grande souffrance psychique et sociale.

Des signes souvent méconnus

Les signes dissociatifs peuvent prendre des formes variées et ne sont pas toujours reconnus, même par les personnes qui en souffrent. On peut observer :

  • Des trous de mémoire inhabituels
  • Une impression d’être spectateur de sa propre vie
  • Des épisodes de déréalisation ou de dépersonnalisation
  • Des changements de comportements soudains, sans en comprendre l’origine
  • Une difficulté à relier ses émotions à ses souvenirs

Ces symptômes s’installent parfois dans l’enfance, notamment en cas de violences subies, d’abandon ou d’exposition prolongée à une insécurité affective ou physique.

Sortir de l’isolement et retrouver une continuité intérieure

La dissociation peut isoler. Elle fragmente l’expérience intérieure et entrave la perception de soi comme une personne unifiée. Le travail thérapeutique consiste à restaurer cette continuité, à reconnecter les émotions, les souvenirs et les comportements dans un cadre suffisamment sécurisant.

Plusieurs approches sont possibles : psychothérapie verbale, EMDR, thérapie sensorimotrice ou encore thérapies psychocorporelles. Le processus est souvent long, mais il permet de transformer un réflexe de survie en chemin de réparation.

Comprendre que la dissociation n’est pas une faiblesse, mais une stratégie d’adaptation temporaire, constitue une étape clé. Ce mécanisme, parfois silencieux et invisible de l’extérieur, raconte toujours une histoire : celle d’un esprit qui a cherché, par tous les moyens, à se préserver.

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