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Un homme dans la quarantaine, seul dans une ruelle en fin de journée, son regard posé exprime une fatigue silencieuse et une présence digne. |
Avez-vous déjà eu l’impression de vous effacer doucement… tout en étant indispensable à quelqu’un ?
Être le pilier de quelqu’un en souffrance psychique, c’est un rôle invisible, parfois épuisant. Vous êtes là, chaque jour, en soutien, en veille, en présence. Et pourtant, vous avez peut-être cessé de vous demander : Et moi, comment je vais ?
Cet article est pour vous, les frères, les conjoints, les collègues, les pères, les amis… qui accompagnent, souvent en silence, un proche atteint de maladie mentale. Il ne vous dira pas de « lâcher prise », mais de reconnaître que votre santé mentale mérite aussi du soin.
Pourquoi les proches aidants en santé mentale s’épuisent
L’accompagnement d’un proche malade mobilise une énergie mentale constante : inquiétudes récurrentes, gestion des crises, rendez-vous médicaux, culpabilité, solitude… Ces charges sont rarement visibles, et souvent, les proches s’interdisent de se plaindre.
Vous pouvez aimer profondément quelqu’un, et en même temps, vous sentir épuisé, frustré, ou dépassé. Ce n’est pas un manque d’amour. C’est le poids du rôle d’aidant, amplifié par le silence et la non-reconnaissance.
L’usure émotionnelle : un risque réel
On parle de burn-out de l’aidant, un état d’épuisement psychique dû à une surcharge prolongée. Les signes d’alerte :
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Irritabilité constante ou émotion à fleur de peau ;
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Troubles du sommeil ou fatigue chronique ;
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Sentiment d’inefficacité ou de vide ;
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Isolement social progressif.
Ne pas les écouter, c’est courir le risque de tomber à son tour, rendant l’aide moins durable.
"Je ne suis pas le patient" : oui, mais vous avez aussi besoin de soutien
Beaucoup d’hommes se sentent illégitimes à demander de l’aide s’ils ne sont pas eux-mêmes « malades ». Mais être proche aidant, c’est traverser un stress chronique. Vous aussi, vous avez besoin d’un espace pour vous exprimer, pour ventiler, pour pleurer, pour poser des mots.
Un accompagnement thérapeutique ou un groupe de parole de proches peut profondément soulager. Il ne s’agit pas d’« abandonner » son rôle, mais de l’ancrer sur des bases plus solides.
Prendre soin de soi sans culpabiliser
Prendre soin de soi ne signifie pas abandonner l’autre. Cela signifie recharger ses batteries pour continuer à être là, sans s’éteindre en chemin.
Voici quelques repères :
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Planifiez du temps personnel chaque semaine, même une heure ;
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Mettez des limites claires : vous n’êtes pas thérapeute, ni sauveur ;
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Cultivez vos propres espaces d’expression : carnet, sport, sorties ;
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Entourez-vous d’au moins une personne à qui vous pouvez tout dire.
Un modèle masculin à reconsidérer
Beaucoup d’hommes ont grandi avec cette idée : je dois être fort pour les autres. Résultat ? Ils s’oublient, s’interdisent de craquer, de parler, de poser le genou à terre.
Mais être un bon soutien, ce n’est pas être indestructible. C’est savoir rester humain. C’est reconnaître ses propres émotions, nommer ses limites, et montrer à ses enfants ou à son entourage qu’il est sain de demander de l’aide.
Outils concrets pour tenir sur la durée
Ma carte de crise personnelle (à garder sur votre téléphone)
Quand je me sens à bout, je prends 3 minutes pour :
Me demander : ai-je mangé, dormi, bougé aujourd’hui ?
Nommer mon émotion actuelle sans jugement (colère, peur, fatigue…)
Me rappeler : "Je ne suis pas seul. D’autres vivent cela aussi."
Script de conversation à enregistrer mentalement :
"J’ai besoin d’un moment pour moi. Ce n’est pas contre toi. C’est pour pouvoir continuer à t’accompagner de manière saine."
Ce que vous pouvez faire dès aujourd’hui
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Écrivez les trois choses que vous aimiez faire avant de devenir aidant.
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Choisissez-en une à reprogrammer cette semaine.
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Appelez un ami. Pas pour parler du malade. Pour parler de vous.
La seule chose à retenir si vous n’avez lu que cette partie
Vous comptez aussi.
Accompagner quelqu’un en souffrance psychique est un acte d’amour immense. Mais vous n’avez pas à vous sacrifier pour aimer. Prendre soin de vous, c’est aussi honorer le lien qui vous unit. Vous méritez écoute, reconnaissance, et répit.
Et vous ?
Quelle est votre ressource-refuge quand la charge devient trop lourde ?
Partagez-la en commentaire : votre expérience peut éclairer d’autres hommes qui vivent la même chose.
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