Que le voyage commence

Il y a des choses que Balthazar refuse catégoriquement de lire ou de voir ou d'entendre, comme ces 60 migrants qui se sont noyés en mer Méditerranée à proximité des côtes libyennes. Les faits l'attristent mais les commentaires qui accompagnent ces récits accablants sur Internet bien plus encore. Il se félicite que, malgré tout, des voix s'élèvent dans les pays développés pour dénoncer le destin cauchemardesque de ces réfugiés. Dernièrement, c'est le Pape qui est intervenu pour interpeller aussi bien les chefs d'Etats que les chefs de gouvernement, sur le sort de ces affligés. Ces derniers sont plongés dans cette situation calamiteuse à cause de guerres civiles engendrées par des rebellions internes, de guerres entre pays frontaliers ou éloignés, de famines, de sécheresses ou de persécutions liées à la religion ou à la "race" ou à la conjoncture politique. Outre le Pape, le groupe Coldplay a manifesté sa solidarité pour les migrants avec leur titre ALIENS tiré de l'album Kaleidoscope. Toutes les recettes tirées de la vente de ce single seront reversées à l'association Migrant offshore aid station (MOAS). L'organisation n'a pas manqué de remercier Coldplay sur sa page Facebook.


Tout ce malheur, ce désastre ainsi que ce flot de haine en prime, c'est beaucoup trop à supporter pour lui. Il préfère se réfugier dans l'art et la culture. Daniel Arasse a tenté d'expliquer pourquoi un tableau peut susciter le coup de foudre chez une personne. Sans doute on peut trouver dans l'exposé de cet historien de l'art une explication de l'attitude de Balthazar à l'égard de l'univers artistique et du monde culturel.

Oh ! Balthazar est loin d'être un artiste, il n'est pas non plus une personne cultivée, encore moins un intellectuel. Ce qu'il aime dans le domaine artistique et l'univers culturel c'est la beauté concrète et abstraite. Cette beauté, qu'il voit et imagine (lorsqu'elle est absente), l'anesthésie, le rend amnésique sur le coup. Durant quelques instants, il oublie toute la souffrance qui existe ici bas, que ce soit celle des êtres humains ou celle des animaux. Et il plonge dans une agréable euphorie dans laquelle il nage délicieusement jusqu'à ce que la réalité le rattrape subitement :  un travail à terminer, la sonnerie de son portable, un message sur Skype, l'exhalaison de son déjeuner en train de brûler sur le réchaud à gaz dans la cuisine...

Oui, à bien des égards, ce qu'il se passe dans ce Monde est une torture pour Balthazar. Il devenait urgent pour lui de trouver un moyen de se protéger et c'est l'univers de la création qui lui a ouvert ses portes pour lui fournir un bouclier solide. Balthazar s'y réfugie. La créativité est un mot que tous peut prononcer. D'ailleurs, on le prononce quasiment à outrance ces dernières années. Mais, les individus réellement capables de créativité ne sont qu'une poignée en ce bas Monde.

Et si Balthazar s'accroche autant à l'art et à la culture, c'est non seulement pour des convictions personnelles mais c'est aussi parce qu'il a écouté, tout récemment, une émission sur France Culture concernant le lien entre l'art et l'intelligence. L'intelligence : il en a bien besoin en ce moment pour mener à bien ses projets de façon logique et cohérente.

Photo : Geralt - Gerd Altmann - Freiburg - Deutschland (Pixabay)

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