Balthazar a mal pour Berliac, un des personnages de la
nouvelle « L’enfance d’un chef » intégré dans le recueil « Le
mur » de Jean-Paul Sartre. Le
malheureux est homosexuel. « Pédéraste » pour reprendre l’expression utilisée
par Lucien, son meilleure ami devenu par la suite son ennemi. Lucien, lui
aussi, expérimente une aventure homosexuelle avec un certain Bergère, que le
lecteur pourrait supposer être l’amant de Berliac.
Balthazar aurait été moins affecté s’il n’y avait que l’homosexualité
de Berliac. Il se trouve que celui-ci soit, en plus, juif. Le pauvre garçon vit
clairement à la mauvaise époque : être un jeune homosexuel, de confession
juive de surcroît, durant les années de la montée du nazisme et du fascisme le
vouent à une mort certaine. S’il avait été « réel », il aurait été
condamné à porter l’étoile jaune et l’étoile rose.
Le livre n’indique pas ce qu’est devenu Berliac. On apprend
seulement qu’il finit par quitter Paris alors qu’il est en proie à une violente
dépression nerveuse. Pour Balthazar, il n’y a qu’une hypothèse possible pour
expliquer cet état tourmenté de Berliac : la relation éphémère entre Bergère
et Lucien lui a brisé le cœur soit parce qu’il était en couple avec Bergère,
soit parce qu’il était amoureux de Lucien.
C’est incroyable à quel point un scénario fictif sur l’amour
homosexuel peut étreindre Balthazar, le torturer psychologiquement. Ce dernier se
retrouve avec une âme endolorie durant plusieurs jours après avoir lu cette
nouvelle de Jean-Paul Sartre. Cette fois-ci, heureusement, il n’a pas eu besoin
de prendre des calmants.
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