Juif et homosexuel dans les années 30

Balthazar a mal pour Berliac, un des personnages de la nouvelle « L’enfance d’un chef » intégré dans le recueil « Le mur » de Jean-Paul Sartre.  Le malheureux est homosexuel. « Pédéraste » pour reprendre l’expression utilisée par Lucien, son meilleure ami devenu par la suite son ennemi. Lucien, lui aussi, expérimente une aventure homosexuelle avec un certain Bergère, que le lecteur pourrait supposer être l’amant de Berliac.

Balthazar aurait été moins affecté s’il n’y avait que l’homosexualité de Berliac. Il se trouve que celui-ci soit, en plus, juif. Le pauvre garçon vit clairement à la mauvaise époque : être un jeune homosexuel, de confession juive de surcroît, durant les années de la montée du nazisme et du fascisme le vouent à une mort certaine. S’il avait été « réel », il aurait été condamné à porter l’étoile jaune et l’étoile rose.

Le livre n’indique pas ce qu’est devenu Berliac. On apprend seulement qu’il finit par quitter Paris alors qu’il est en proie à une violente dépression nerveuse. Pour Balthazar, il n’y a qu’une hypothèse possible pour expliquer cet état tourmenté de Berliac : la relation éphémère entre Bergère et Lucien lui a brisé le cœur soit parce qu’il était en couple avec Bergère, soit parce qu’il était amoureux de Lucien.


C’est incroyable à quel point un scénario fictif sur l’amour homosexuel peut étreindre Balthazar, le torturer psychologiquement. Ce dernier se retrouve avec une âme endolorie durant plusieurs jours après avoir lu cette nouvelle de Jean-Paul Sartre. Cette fois-ci, heureusement, il n’a pas eu besoin de prendre des calmants.

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