Les mémoires de Balthazar : merci de votre sympathie - partie 1

Si égoïstes - Antithèse de l'amitié 

Ils sont si égoïstes, si envieux, si malsains, si répugnants ! Je les hais, je les exècre, de tout mon cœur, de toute mon âme, de tout mon être, de toutes mes forces, de tout le poids et la longueur de mes boyaux ! Tout ce qu’il y a en moi, physique et mental, les repoussent, les vomissent ! Pour moi, ils sont pareils à de l’excrément malodorant. Ils ne méritent que d’être assimilés à la déjection d’un dévoreur outrancier de viande : des excréments d’une extrême laideur, d’une atroce puanteur. Après chacune de ses orgies carnées, cet ogre carnivore n’a qu’une idée en tête, c’est-dire, allez aux WC, y déposer une volumineuse commission et tirer la chasse d’eau pour se débarrasser à tout jamais de ces matières fécales qui créent une désagréable sensation d’inconfort tant qu’elles ne sont pas rejetée du corps et qui, une fois qu’elles le sont, polluent les toilettes. C’est exactement à cela qu’ils me font penser. Ces immondices ne méritent qu’une chose : qu’on les envoie à la déchetterie où elles seront réduites en cendre !


Comme il m’est impossible de changer le caractère, la personnalité de ce genre d’individu, j’ai fait le choix de ne plus m’en entourer.  L’amitié est sacrée. L’expression est si souvent prononcée mais si rare à être appliquée.  L’amitié intègre dans son club la loyauté, le soutien mutuel, la franchise, le pardon aussi, ainsi que la compréhension. Elle accepte également les critiques constructives, les mises en garde pour que l’autre ne finisse pas sa course au fond du gouffre, sinon encore plus bas. L’amitié est un garde fou, un cocon protecteur infranchissable, un bouclier indestructible, une coquille incassable.  Elle est aussi partage, confidence, confiance. La trahison est envisageable, mais bien vite, elle se transforme en remord, en regret, et elle suscite le pardon. On pardonne et on oublie. L’amitié est aussi le pouvoir de dire non sans avoir peur de froisser et le pouvoir d’accepter ce non sans être froissé. Heureux sont les individus qui expérimentent la véritable amitié.  


Mais l’amitié n’est pas sacrifice. On évitera de demander à l’autre un service qui pourra le mettre dans une situation inconfortable. On prendra soin de ne pas lui imposer un style ou un mode de vie qui ne sied pas à ses croyances et ses convictions. Car l’amitié n’est pas envahissante. On ne fait pas à l’autre le chantage immonde du « tu cèdes ou tu fais une croix sur notre amitié ». Car l’amitié est patience, compréhension, tolérance.  On n’oublie pas l’autre, même lorsqu’il a un empêchement, même lorsqu’il ne peut pas, même lorsqu’il ne doit pas. Car l’amitié ne flotte pas en surface. Il est ancré en profondeur, il est gravé, il est incrusté dans l’inconscience et dans la conscience. Quelles que soient les circonstances, on garde une pensée, on souffre, on est heureux pour l’autre.  

L’amitié est loyauté et fidélité. 

Sans doute suis-je trop frustré pour concevoir l’amitié autrement qu’ainsi. Sans doute suis-je incapable de cultiver une amitié telle que le commun des mortels semble l’envisager : une relation où l’égocentrisme règne en maître. Mais si pour le Monde l’amitié est sélective, choisie, si elle sous-entend de tourner les talons à l’autre lorsque celui-ci se retrouve piéger dans ce labyrinthe complexe qu’est la vie, alors j’y renoncerai avec une volonté de fer. Si pour les Hommes, l’amitié est concurrence mêlée à l’envie irrépressible de voir l’autre échouer et ramper dans la poussière, alors je peux m’en passer. Si pour les Humains l’amitié est le désir de surpasser l’autre en tous points, alors je l’enterrerais avec le plus grand enthousiasme.

Chercher l’affection de la solitude, embrasser l’isolement, trouver le réconfort dans une vie solitaire, voilà le choix que je suis amené à faire dorénavant. Je m’enferme sans regret dans ma  tour d’ivoire. J’emménage dans ma thébaïde interne. Je m’exclue. Je m’éloigne.   J’offre de bon gré mon amitié à une vie de reclus. La solitude a quelque chose de bon. Christophe André l'a confirmé


Ni amitié, ni connaissance. Désormais, les relations humaines, les relations sociales se vivront différemment dans ma vie. C’est un nouveau chapitre qui vient de se fermer d’une manière définitive. Pour moi, l’heure est à la construction, au don de soi, à la compassion, à l’amour d’autrui et à un dévouement pour l’humanité. Durant mon futur parcours ardu, jonché d’âpres combats, où s’égrèneront – je l’espère – multitude mais éphémères moments de bonheur,   jamais plus je ne pénétrerai  dans le vicieux camp de l’amitié pour y trouver un peu de repos, de réconfort, pour y reprendre des forces. C’est dans mon courage et ma détermination que je puiserai toute la vigueur nécessaire pour achever avec succès cette expédition que l’on nomme la vie.     

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