En cette soirée de jeudi, Cher déroule autour
du système auditif de Balthazar, de toute la puissance de sa voix grave, un de
ses vieux tubes. Love Hurts s’extirpe avec
aisance du casque Philips sans fil de Balthazar pour venir s’installer dans le
confort du creux de ses oreilles. Quand Cher commence à chanter, son contralto s’écrase
lourdement sur les tympans de Balthazar. Il y reste collé durant les 4 minutes que
dure le déballage des paroles en mélodie mélancolique. 4 minutes de torture
pour Balthazar.
Celui-ci déteste et adore tout à la fois cette chanson. Elle
lui rappelle sa solitude et parce que c’est ainsi, elle lui perce le cœur provoquant
une douleur lourde, pesante, devenant tellement insupportable par moment qu’il
ne peut s’empêcher d’éclater en sanglot. Cette solitude, il l’a pourtant voulue,
il l’a revendiquée, il se l’est imposée, d’abord pour respirer, puis pour se
protéger, ensuite comme punition, et enfin pour son bien-être. Balthazar en a
besoin pour son équilibre, son épanouissement, son bien-être psychique. La solitude s'est introduite irrévocablement dans sa vie sur son invitation.
La solitude lui permet de contenir les assauts sur son être de redoutables séquences dépressives. Ces sales hyènes, dévoreuses de sérénité, menacent chaque
instant d’éteindre l’allégresse qui illumine Balthazar en son for intérieur. Elles attendent d’anéantir
le bonheur spirituel qui est enfin sien et qui s’est dressé dans le sillage d’un
optimisme qu’il a mis tant de mal à cultiver. C’est comme-ci elles sont là,
tapies dans un coin sombre de son esprit, guettant la moindre occasion, la
meilleur opportunité pour se saisir de son esprit, le happer, en prendre possession et accabler
psychologiquement Balthazar. Depuis une dizaine d'années, Balthazar se livre à une lutte perpétuelle pour tenter d'être heureux au quotidien. Il a rejeté tous les anti-dépresseurs que son psychiatre lui a prescrits. Il ne veut pas être dépendant de ces médicaments. Et les propos de Déborah Orr sur The Guardian le conforte dans cette prise de position.
Cela fait des années qu’il n’a plus connu l’amour. Il ne
sait même pas s’il a aimé un jour. En revanche, il a été aimé, cela ne fait
aucun doute. On l’a aimé et, égoïstement, il a accepté l'attention amoureuse qu’on lui a un jour portée avant de s’en saisir avidement, avec voracité. Lui, son amour, il s’est
bien gardé de le tendre à quelqu’un. À l’époque, il dissimulait
sa vanité, son nombrilisme, sous une fausse générosité et une pseudo-humilité.
On l’a cru. Quel être perfide !
Si cette chanson l’affecte autant c’est parce qu’il
souhaiterait connaître, vivre, ressentir le bonheur que fait paraît-il naître
dans un couple un amour réciproque. Il désirerait expérimenter ce que les
autres entendent par « amour partagé ». Quel effet cela fait-il d’être
dans une relation où l’on aime et où l’on est aimé en retour. Il souhaiterait,
mais il ne veut pas et ne peut pas.
Aimer la solitude ne signifie nullement que l’on se suffit à
soi-même. Adorer être seul ne veut pas dire que l’on est indifférent à l’amour.
L’absence d’amour dans une vie est une persécution psychologique qui assombrit l’existence
même si, au dehors, celle-ci apparaît scintillante aux yeux des autres.
Voilà tout ce que cette chanson de Cher, Love Hurts, réveille en Balthazar.Le lendemain, le 07 juillet 2017, Balthazar est tombé sur un podcast de France Culture concernant l'amour et la solitude. Il s'agit d'un débat organisé en novembre 2012 entre 2 sociologue et un psychiatre-psychothérapeute. Une émission qui vaut la peine d'être écoutée et réécoutée selon Balthazar, car elle est tellement riche en informations et en explication.
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