La peur des autres est-elle normale ?

Nouvelle séance chez le psychologue.

Balthazar

Balthazar assis par terre dans une pièce sombre, tenant sa tête dans ses mains, illustrant son mal-être et ses difficultés sociales discutées lors de la séance avec son psychologue.
Balthazar en consultation chez le psychologue, discutant de ses difficultés sociales

Les interactions sociales sont très difficile pour moi, soit je suis très timide, soit j'ai peur et je suis intimidé, soit je me sens agressé et c'est très douloureux. Est-ce que je suis normal ?

Le psychologue

Beaucoup de gens ressentent de la timidité, de la peur ou de l'anxiété dans les situations sociales, à des degrés divers. Vous n'êtes certainement pas anormal. Cependant, si ces émotions sont très intenses, persistantes et ont un impact négatif important sur votre vie quotidienne et votre bien-être, il pourrait s'agir d'une phobie sociale (aussi appelée anxiété sociale). C'est un trouble anxieux fréquent, qui touche environ 7% de la population. Les personnes atteintes ont une peur intense d'être jugées négativement, scrutées ou humiliées en public. Elles peuvent avoir des symptômes physiques intenses comme des palpitations, des tremblements, des sueurs. Cela entraîne souvent un évitement des situations sociales. Des traitements efficaces contre  la phobie sociale existent, comme la thérapie cognitivo-comportementale et certains médicaments.  Que ce soit une anxiété sociale "normale" ou pathologique :

  • Pratiquez la relaxation et la respiration abdominale pour gérer le stress
  • Fixez-vous des objectifs progressifs pour affronter les situations difficiles
  • Focalisez-vous sur les autres plutôt que sur vous-même
  • Acceptez l'inconfort sans le juger, il finira par passer
  • Cultivez la bienveillance envers vous-même

Balthazar

ça ne me dérange pas de cotoyer des gens, sauf qu'avec eux c'est soit je me sens violenté verbalement, soit je suis triste, soit je suis intimidé, soit je suis timide

Le psychologue

Plusieurs pistes de réflexion me viennent à l'esprit :

  1. Vos réactions émotionnelles semblent particulièrement vives et douloureuses, peut-être exacerbées par une hypersensibilité. Avez-vous toujours ressenti les choses aussi intensément ? Y a-t-il eu des expériences passées qui pourraient expliquer cette sensibilité ?
  2. La perception d'une "agression verbale" peut parfois venir d'une difficulté à identifier/interpréter les intentions d'autrui. Peut-être avez-vous tendance à percevoir de l'hostilité là où il n'y en a pas forcément. Observer objectivement les réactions des autres et envisager des interprétations alternatives pourrait aider.
  3. Votre estime de vous semble fragile, d'où la timidité et le sentiment d'intimidation. Des techniques de développement de la confiance en soi et d'affirmation de soi pourraient vous aider à vous sentir plus solide et serein dans vos échanges.
  4. Certaines personnes sont hypersensibles par tempérament, avec des émotions à fleur de peau. Si c'est votre cas, mieux vaut l'accepter que lutter contre. Mais vous pouvez apprendre à mieux réguler vos émotions grâce à des techniques comme la méditation en pleine conscience.

Balthazar

La réponse aux quatres points est oui. Je me sens en décallage par rapport aux autres, comme-ci je n'appartient pas à ce monde. Du coup, je fais beaucoup de suradaptation. Je souffre de ne pas être authentique, de ne pas pouvoir être ce que je suis

Psychologue

Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce vécu :

  1. Vous pourriez avoir une personnalité atypique, par exemple un haut potentiel intellectuel (HPI) ou une neurodivergence comme l'autisme. Ces particularités neurologiques s'accompagnent souvent d'une hypersensibilité, d'un sentiment d'étrangeté et de difficultés sociales. Un bilan neuropsychologique pourrait apporter un éclairage.
  2. Des expériences passées difficiles (family,e, école, pairs...) ont pu impacter la construction de votre identité et de votre rapport aux autres. Un sentiment de ne pas être accepté, compris, à sa place dès l'enfance peut laisser des traces profondes. Explorer votre histoire de vie avec un thérapeute peut aider à guérir ces blessures.
  3. Une anxiété sociale sévère peut aussi donner cette impression d'anormalité et pousser à se cacher derrière une façade. Le travail thérapeutique permet de s'accepter et s'exposer progressivement de manière authentique.
  4. Certains tempéraments sont naturellement plus originaux, marginaux, en décalage avec la norme sociale. Si c'est votre cas, mieux vaut l'accepter et trouver "votre tribu" de gens atypiques comme vous que de chercher à rentrer dans le moule à tout prix.

Quoi qu'il en soit, je vous invite à accueillir avec bienveillance votre différence, votre sensibilité, vos parts d'ombre et de lumière. Être authentique passe d'abord par s'accepter pleinement soi-même. C'est depuis cette acceptation qu'on peut petit à petit laisser tomber le masque social sans se mettre en danger. Votre sensibilité est une richesse. Votre décalage fait votre unicité. En apprenant à les apprivoiser, vous pouvez transmuter cette souffrance en force et façonner un rapport au monde et aux autres plus juste pour vous. 

Balthazar

Je n'ai pas d'expérience passé difficile. A l'école j'avais de bonnes notes et j'étais le chouchou des profs car ils me trouvaient sympathiques. J'étais invités partout. Mais je ne me sentais pas à ma place. Il m'arrivait d'aller à une fête et de ne parler à personne durant toute la fete. Adulte, cette sensation de ne pas être à ma place, cette timidité, l'impression d'être rejeté (à tort souvent), l'incapacité d'aller vers autrui ou de discuter avec une personne qui cherche à discuter avec moi a gâcher ma vie sociale. J'ai tendance à etre plus ouvert avec les personnes vulnérables

Psychologue

Votre plus grande facilité à être vous-même avec des personnes vulnérables est intéressante. Peut-être vous sentez-vous plus en sécurité émotionnellement, moins jugé avec des gens eux-mêmes en difficulté. Ou peut-être avez-vous une sensibilité, une empathie particulière pour la souffrance d'autrui qui rend la connexion plus aisée. En l'absence de traumatisme ou de difficultés sociales évidentes dans l'enfance, on peut imaginer que ce sentiment d'étrangeté et ces difficultés relationnelles soient plutôt liés à votre personnalité intrinsèque, votre tempérament, voire à une neurodivergence. Certains traits peuvent y faire penser :

  • Une introversion marquée avec un besoin crucial de solitude et de silence pour se ressourcer
  • Une hypersensibilité émotionnelle et sensorielle, vite submergé par trop de stimulations
  • Des intérêts spécifiques très "pointus", en décalage avec ceux de la majorité
  • Une pensée très analytique, parfois rigide, qui analyse chaque interaction
  • Des difficultés à identifier et exprimer ses émotions et celles des autres
  • Une communication très littérale, sans filtre, parfois maladroite socialement

Bien sûr, il ne s'agit là que d'hypothèses. Mais si ce portrait vous parle, il pourrait être intéressant de creuser la piste d'un haut potentiel intellectuel (HPI), d'un trouble du spectre de l'autisme (TSA) ou d'une autre particularité neurologique, avec un professionnel. Mettre des mots sur sa différence peut aider à mieux l'apprivoiser. Vous avez sûrement développé des mécanismes d'adaptation qui avaient tout leur sens jusqu'ici. Mais aujourd'hui, ils vous empêchent d'être pleinement vous et vous font souffrir. 

Balthazar

C'est dur à accepter

Psychologue

Reconnaître et accueillir sa différence, sa sensibilité, ses difficultés relationnelles peut être douloureux, surtout quand on a longtemps essayé de "faire comme tout le monde". Il peut être tentant de continuer à se cacher, à nier cette part de soi par peur du regard des autres, par honte aussi peut-être. Mais c'est un fardeau de plus en plus lourd à porter seul. À force de s'adapter pour rentrer dans le moule, on finit par se perdre, par s'épuiser. Accepter ne veut pas dire renoncer ou baisser les bras. Au contraire, c'est une première étape courageuse et nécessaire vers le changement. C'est arrêter de lutter contre soi-même, pour mieux comprendre et apprivoiser qui on est vraiment. C'est s'autoriser à demander et recevoir de l'aide aussi. Ce processus d'acceptation prend du temps, il se fait en douceur, à votre rythme. Il commence déjà par le simple fait d'en parler, comme vous le faites. C'est reconnaître que quelque chose ne va pas et qu'on souhaite avancer, même si le chemin semble flou et semé d'embûches.

Balthazar

Merci

Psychologue

Je vous en prie. Votre démarche de partage et d'introspection est déjà très courageuse et positive. Continuez à vous faire confiance, une étape après l'autre. Vous avez en vous les ressources pour surmonter ces difficultés et vivre une vie plus épanouie. Par ailleurs, une alimentation riche en oméga-3 peut être bénéfique pour la santé mentale et le bien-être émotionnel. Les oméga-3 sont des acides gras essentiels qui jouent un rôle important dans le fonctionnement du cerveau et la régulation de l'humeur. Des études ont montré qu'une consommation suffisante d'oméga-3, en particulier d'EPA et de DHA, peut aider à réduire les symptômes de dépression, d'anxiété et d'autres troubles de l'humeur. Ils agiraient en favorisant la fluidité des membranes cellulaires neuronales, en réduisant l'inflammation cérébrale et en modulant les neurotransmetteurs impliqués dans la régulation émotionnelle, comme la sérotonine et la dopamine.

Voici quelques aliments riches en oméga-3 que vous pouvez intégrer dans votre alimentation :

  • Poissons gras comme le saumon, les sardines, le maquereau, le hareng
  • Graines de chia, de lin, de chanvre
  • Noix, en particulier les noix de Grenoble
  • Huile de colza, de noix, de lin
  • Algues, en particulier les algues brunes comme le wakamé
  • Certains légumes verts à feuilles comme les épinards ou la laitue

Prendre soin de son alimentation, c'est prendre soin de soi. C'est une façon de s'écouter et de répondre à ses besoins avec douceur. 

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