Un homme réconfortant son ami en larmes, montrant la valeur du soutien émotionnel en période de crise. |
Il est vrai qu'assumer ses actes et ses paroles, surtout lorsque cela comporte des risques importants, peut sembler intimidant voire insurmontable. Pourtant, c'est précisément dans ces moments difficiles que notre intégrité personnelle est mise à l'épreuve. Être honnête avec soi-même et avec les autres, rester fidèle à ses convictions même sous la pression, voilà qui demande beaucoup de courage et de force de caractère. Mais c'est aussi le signe d'une grande maturité.
En effet, nous sommes tous responsables de nos choix et de leurs conséquences. Assumer cette responsabilité, c'est faire preuve de conscience morale et refuser la facilité qui consisterait à fuir ou à rejeter la faute sur autrui. C'est un acte de respect envers soi-même mais aussi envers son interlocuteur, quel qu'il soit. Cela montre que nous mesurons l'impact de nos actions et que nous nous sentons concernés par leur portée.
Il est vrai que dans l'immédiat, une telle attitude peut sembler contre-productive, surtout si l'enjeu est de taille. Mais à long terme, l'honnêteté et le sens des responsabilités sont des qualités qui inspirent confiance et respect. Même en cas d'erreur, le fait de le reconnaître en toute sincérité permet souvent de préserver la relation et la confiance mutuelle.
De plus, c'est en assumant pleinement nos choix que nous pouvons en analyser lucidement les tenants et aboutissants, en tirer des leçons et progresser. Fuir nos responsabilités nous condamne à la stagnation. Bien sûr, les risques encourus peuvent être élevés, et il serait naïf de l'ignorer. Mais si notre quête d'intégrité est réellement une valeur centrale à nos yeux, le jeu en vaut souvent la chandelle. C'est une décision très personnelle qui engage notre éthique. Mais les risques ne doivent pas systématiquement nous empêcher d'être en accord avec nous-mêmes et nos convictions profondes.
Cas des individus qui refusent tout bonnement d'admettre
Il y a en effet de nombreuses raisons qui peuvent pousser les gens à ne pas assumer leurs actes, à cacher leurs responsabilités ou à dissimuler leur vraie nature. L'une des plus évidentes est sans doute la peur des conséquences négatives. Que ce soit la crainte de perdre son emploi, sa réputation, ses relations, son statut social ou même sa liberté dans les cas les plus graves, la perspective de tout perdre peut inciter à fuir ses responsabilités par instinct de préservation.
Il y a aussi parfois un déni de la réalité, un refus d'admettre ses torts par orgueil ou par difficulté à remettre en question l'image qu'on a de soi-même. Reconnaître ses erreurs et ses mauvais choix peut être vécu comme une forme d'humiliation, une blessure narcissique difficile à accepter. Il peut sembler plus facile de maintenir les apparences et de sauver la face, surtout si l'entourage proche n'est pas au courant de la vérité.
Dans certains cas, il peut aussi y avoir des pressions extérieures qui poussent à la dissimulation. Par loyauté envers un groupe, une communauté ou une entreprise, par peur de représailles ou de jugement moral, certains préfèrent se taire et rentrer dans le rang plutôt que d'assumer une position à contre-courant.
Enfin, il ne faut pas négliger le fait que l'honnêteté et l'intégrité sont des valeurs qui se cultivent. Tout le monde n'a pas reçu la même éducation morale, n'a pas eu les mêmes modèles positifs dans sa vie. Certains environnements valorisent davantage le paraître que l'être, la réussite à tout prix que l'éthique. Il faut parfois un véritable travail sur soi, de la volonté et de la lucidité pour s'extraire de ces schémas.
Bien sûr, aucune de ces raisons ne peut servir d'excuse pour manquer d'intégrité. Mais elles peuvent aider à comprendre les mécanismes psychologiques et sociaux qui sous-tendent parfois ces comportements. Cela n'enlève rien à l'importance d'être vrai et d'assumer ses responsabilités, mais incite à la nuance et au discernement dans notre jugement des autres.
Cas des criminels nazis
L'argument avancé par certains nazis selon lequel ils ne seraient pas responsables de la mort des Juifs car ils ne faisaient qu'obéir aux ordres est un cas typique de déni de responsabilité. C'est une tentative de se dédouaner de leurs actes en invoquant une autorité supérieure, en l'occurrence le régime nazi et ses dirigeants.
D'un point de vue psychologique, on peut y voir une forme de dissonance cognitive : ces individus avaient probablement conscience au fond d'eux-mêmes de l'immoralité de leurs actions, mais ne pouvaient pas l'assumer car cela remettait en question leur loyauté envers le régime et leur identité de "bon soldat". Rejeter la faute sur la hiérarchie était un moyen de réduire cette dissonance et de préserver une image positive d'eux-mêmes.
Il y a aussi sans doute une part de pensée de groupe et de dilution de la responsabilité individuelle. Quand tout un système cautionneet encourage des actes immoraux, il devient plus facile pour chacun de se déresponsabiliser en se disant qu'il n'est qu'un rouage parmi d'autres, que la décision ne lui appartient pas.
Mais fondamentalement, cet argument ne tient pas d'un point de vue éthique et légal. Le fait d'obéir à des ordres manifestement illégaux et contraires aux droits humains les plus fondamentaux ne peut pas exonérer quelqu'un de sa responsabilité morale et pénale. C'est d'ailleurs ce qui a été établi lors du procès de Nuremberg.
Chaque individu reste responsable de ses choix et doit exercer son sens moral. Comme le disait Aristote, "les actes injustes ne sont pas commis seulement par contrainte et par ignorance, mais aussi parfois par choix". A partir du moment où l'on a conscience de commettre un crime, "j'ai obéi aux ordres" ne peut pas servir d'excuse. C'est une capitulation de la conscience morale individuelle.
Le cas des nazis est une illustration extrême, mais le principe reste valable à moindre échelle. Avoir le courage d'assumer et si nécessaire de s'opposer, même au prix de lourdes conséquences personnelles, c'est ça l'intégrité. C'est refuser la compromission et rester fidèle à son éthique en toutes circonstances.
Cas des criminels qui admettent leurs crimes
La question de savoir si on peut parler d'honnêteté dans le cas d'un criminel qui reconnaît ses crimes est complexe et soulève un débat moral intéressant.
D'un côté, le fait de reconnaître ses actes, d'assumer sa responsabilité et d'exprimer des remords sincères est effectivement une forme d'honnêteté. Cela demande un certain courage et une capacité d'introspection, surtout quand on sait que cela aura de lourdes conséquences. C'est un premier pas vers la rédemption, même si évidemment cela n'efface pas le crime commis.
Mais d'un autre côté, peut-on vraiment parler d'honnêteté quand cette reconnaissance intervient après le passage à l'acte, souvent parce que le coupable a été démasqué ? N'est-ce pas un peu facile de se dire honnête a posteriori, quand le mal est fait et qu'on n'a plus vraiment le choix ?
Une véritable honnêteté, une intégrité sans faille, aurait consisté à ne pas commettre le crime en premier lieu, à résister à ses pulsions par respect pour la loi et la morale. Donc d'une certaine manière, le criminel qui assume après coup fait preuve d'une honnêteté très relative, presque d'une honnêteté "à retardement".
Il faut aussi s'interroger sur les motivations de cette confession. Est-ce vraiment par souci de vérité et de réparation, ou plutôt une stratégie pour obtenir une peine plus clémente, susciter la sympathie, préserver une certaine image ? Seule une analyse au cas par cas permettrait d'en juger.
Au final, je dirais qu'un criminel qui reconnaît ses crimes fait preuve d'une forme limitée d'honnêteté, mais qui ne peut pas compenser l'absence d'honnêteté initiale, celle qui aurait dû le retenir de passer à l'acte. C'est un premier pas louable sur le chemin de la rédemption, mais qui ne suffit pas à lui seul à faire de lui quelqu'un d'honnête au sens plein du terme.
L'honnêteté véritable se manifeste dans la durée, dans la cohérence entre les paroles et les actes. Elle ne peut pas se résumer à un sursaut ponctuel de lucidité après une faute grave. Donc oui, saluons le courage de ceux qui assument leurs crimes, mais n'oublions pas que la vraie honnêteté, l'intégrité profonde, est celle qui nous garde de commettre l'irréparable.
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