Qu'entend-t-on par frustration ?

 La frustration peut effectivement mener une personne à développer des sentiments et comportements négatifs comme la jalousie, la médisance ou l'envie de nuire. Voici quelques éléments d'explication :

  • La frustration naît d'un décalage entre des attentes/désirs et la réalité. Ne pas obtenir ce qu'on souhaite crée un sentiment d'injustice et de privation.
  • Cela génère de la colère, une émotion qui cherche souvent un exutoire. La personne frustrée peut alors s'en prendre à ceux qu'elle tient pour responsables ou jalouse.
  • La frustration nuit à l'estime de soi. Pour compenser, certains dénigrent les autres pour se valoriser. Critiquer est aussi un moyen de se venger de ses échecs.
  • Voir les autres réussir là où on échoue crée de l'envie et un désir de leur nuire pour rétablir "l'équité".

Heureusement, il existe des moyens de mieux gérer sa frustration :

  • Réévaluer ses attentes pour voir si elles sont réalistes. Accepter qu'on ne peut pas tout contrôler ou obtenir.
  • Exprimer sa frustration de façon saine (en parler, faire du sport pour évacuer...) plutôt que de la retourner contre les autres.
  • Travailler sur soi pour renforcer sa confiance et ne plus ressentir le besoin de rabaisser autrui.
  • Apprendre à se réjouir des succès des autres au lieu d'en être envieux.

Quant aux victimes d'une personne frustrée, elles peuvent :

  • Ne pas rentrer dans son jeu en restant calmes et assertives face à ses attaques. Mettre des limites si nécessaire.
  • Cultiver de la compassion en comprenant d'où vient son attitude, sans pour autant la cautionner.
  • Continuer à s'épanouir sans se laisser miner par sa négativité.
  • En dernier recours, prendre ses distances si la personne refuse de changer et devient toxique.

L'important est d'être conscient des mécanismes de la frustration pour mieux y faire face, que l'on en soit victime ou qu'on lutte contre sa propre frustration. Avec de la volonté et du travail sur soi, il est possible de transformer cette émotion négative en une force positive de changement.

La frustration chronique peut contribuer au développement de névroses

Rappelons d'abord que la névrose est un trouble psychique caractérisé par des conflits intrapsychiques, de l'anxiété et des comportements inadaptés, sans perte de contact avec la réalité.

Voici comment la frustration peut favoriser l'apparition de névroses :

  1. Conflits internes : La frustration provient souvent de désirs contradictoires (par exemple entre les pulsions et le Surmoi). Ce type de conflit non résolu est un terreau pour les névroses.
  2. Anxiété : La frustration s'accompagne d'un sentiment d'impuissance et de perte de contrôle qui génère beaucoup d'anxiété. Or l'anxiété est un symptôme central des névroses.
  3. Mécanismes de défense inadaptés : Pour gérer cette anxiété, la personne frustrée peut recourir à des mécanismes de défense névrotiques comme le refoulement, la formation réactionnelle, le déplacement...
  4. Rigidité psychique : À force d'être frustrée, la personne peut devenir rigide dans sa façon de penser et d'agir, autre caractéristique des personnalités névrotiques.
  5. Somatisation : La frustration et l'anxiété qu'elle engendre peuvent se manifester par des symptômes physiques (maux de ventre, de tête...) sans cause organique, typiques des névroses.
  6. Altération des relations : Les comportements inadaptés liés à la frustration (agressivité, inhibition...) perturbent les relations, autre difficulté récurrente chez les névrosés.

Ainsi, si elle n'est pas gérée de manière appropriée, une frustration intense et répétée peut progressivement fragiliser l'équilibre psychique d'un individu et le faire basculer dans la névrose.

Bien sûr, tous les frustrés ne deviennent pas névrosés pour autant. Cela dépend de l'intensité de la frustration, des prédispositions de chacun, de la capacité à utiliser des mécanismes de défense matures, d'un environnement suffisamment bon...

Mais cela montre l'importance de prendre au sérieux les effets psychologiques potentiels de la frustration et d'apprendre à y faire face de manière constructive, comme nous l'avons vu précédemment. Un travail thérapeutique peut s'avérer nécessaire lorsque la névrose s'est installée.

 La frustration peut avoir un impact significatif sur le caractère et l'humeur d'une personne

  1. Irritabilité et colère : La frustration peut rendre une personne plus irritable et prompte à la colère. Elle peut s'emporter pour des broutilles et avoir du mal à garder son calme.
  2. Pessimisme et négativité : À force d'être frustrée, une personne peut développer une vision négative d'elle-même, des autres et de la vie en général. Elle peut devenir pessimiste et avoir tendance à anticiper le pire.
  3. Impatience et intolérance : La frustration peut amener à vouloir que tout arrive tout de suite et à ne plus supporter les délais ou les obstacles. La personne devient alors impatiente et intolérante.
  4. Agressivité et hostilité : Comme vu précédemment, la frustration peut générer de l'agressivité qui se manifeste dans les relations. La personne peut devenir hostile, sarcastique, critique envers les autres.
  5. Instabilité émotionnelle : La frustration chronique peut rendre les émotions volatiles et imprévisibles. La personne passe rapidement de la joie à la tristesse, de l'excitation à l'abattement.
  6. Manque de confiance en soi : Les échecs répétés liés à la frustration peuvent saper la confiance en soi. La personne doute de ses capacités, n'ose plus entreprendre, a peur de l'échec.
  7. Isolement et retrait : Fatiguée d'être déçue ou de décevoir, la personne frustrée peut avoir tendance à s'isoler et à se replier sur elle-même. Elle fuit les interactions sociales et les situations qui pourraient la frustrer.
  8. Dépressivité : À terme, la frustration chronique peut favoriser l'émergence d'un état dépressif, avec une humeur triste, une perte d'intérêt, un ralentissement...

Ces changements de caractère et d'humeur ne sont pas anodins. Ils peuvent avoir un impact délétère sur la vie personnelle, professionnelle et sociale de l'individu.

Heureusement, il est possible de travailler sur soi pour ne pas se laisser envahir par la frustration et ses conséquences. Cela passe par un travail sur ses attentes, ses croyances, sa gestion des émotions, ses stratégies d'adaptation... Un accompagnement psychologique peut être une aide précieuse dans ce cheminement.

L'entourage a aussi un rôle à jouer en offrant une écoute bienveillante, en aidant la personne à relativiser, en l'encourageant dans ses efforts... Être entouré et soutenu est un facteur de protection important face aux effets délétères de la frustration.

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