Le catamaran

 Balthazar, 42 ans, vit sur une petite île de l'Océan Indien. Derrière son sourire chaleureux et son apparente joie de vivre se cache une profonde dépression et une obsession morbide. Chaque matin, il se réveille déçu d'être encore en vie, espérant secrètement ne pas voir le soleil se coucher.

A bord du catamaran

Un vendredi après-midi, alors qu'il lutte contre une fatigue écrasante induite par ses médicaments, Balthazar reçoit un appel de son ami d'enfance, Ravi. "Bal, on organise une sortie en catamaran ce week-end. Ça fait des mois qu'on essaie de se voir tous ensemble. Tu viens, hein ?"

Le cœur de Balthazar se serre. Il sait que ces moments sont précieux, surtout avec le compte à rebours qu'il s'est imposé. Mais il a aussi un rapport crucial à finir pour un client important, une opportunité qui pourrait enfin lui apporter la sécurité financière qu'il recherche désespérément.

Tiraillé entre son désir de profiter de la vie et son besoin de réussir professionnellement avant sa "date limite" auto-imposée, Balthazar sent l'anxiété monter. Il ne veut décevoir ni ses amis, ni son client, tout en sachant que son état mental fragile rend difficile la gestion de multiples engagements.

Après une nuit d'insomnie, Balthazar a une idée. Il appelle Ravi : "Je viens, mais je dois travailler un peu. Et si on transformait ça en un 'workation' en mer pour tout le monde ?"

Balthazar propose d'emmener son ordinateur portable et de travailler pendant les temps calmes de navigation. En échange, il offre d'utiliser ses compétences en photographie pour capturer des moments magiques de leurs amis pendant le voyage.

Pour son client, il suggère une approche innovante : intégrer des photos de la beauté naturelle de l'île dans le rapport, donnant ainsi une touche unique et personnelle au projet.

Le week-end arrive, et Balthazar se retrouve sur le catamaran, entouré de ses amis. Pendant que le bateau glisse doucement sur les eaux turquoise, il alterne entre des moments de travail concentré et des instants de pure joie, capturant le sourire de ses amis et la beauté de l'océan.

Le dimanche soir, épuisé mais étrangement satisfait, Balthazar rentre chez lui. Son rapport est terminé, agrémenté de magnifiques photos qui impressionneront sûrement son client. Ses amis sont ravis des souvenirs qu'il a capturés pour eux.

Pour la première fois depuis longtemps, Balthazar se sent en paix. Il a réussi à honorer ses engagements tout en profitant de la vie. Ce week-end lui a rappelé que, malgré ses démons intérieurs, il est encore capable de trouver un équilibre, de créer de la beauté, et peut-être même de trouver un sens à sa vie, jour après jour.

Alors qu'il s'endort, une pensée traverse son esprit : peut-être que ces deux années qu'il s'est données pourraient être consacrées à vivre vraiment, plutôt qu'à attendre la fin. Pour la première fois depuis longtemps, il se surprend à espérer voir le soleil se lever le lendemain.

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